Il y a, dans ses mots, quelque chose d’enfantin et de très lucide à la fois. Un regard doux sur un monde qui ne l’est pas toujours.
Anastasia Sannikova ou Anastasia Sann, comme elle aime se surnommer en clin d’œil au mot “sun”, parce que “everyone says I’m a sunny person” (tout le monde dit que je suis une personne solaire), incarne cette nouvelle génération de créateurs pour qui la mode est un langage. Pas juste un vêtement, mais une émotion, une pensée, une conversation avec le monde.
Une vocation qui commence par un crayon
Anastasia ne se souvient pas du moment exact où la mode a commencé à faire partie d’elle. Mais elle se souvient de ses princesses dessinées, de leurs robes à transformer à volonté, et d’un déclic venu de ses parents :
“I was maybe 9 or 10, when my parents saw me drawing princess dresses, and they introduced me to the profession of a fashion designer.”
(J’avais peut-être 9 ou 10 ans quand mes parents m’ont vue dessiner des robes de princesses et m’ont parlé du métier de styliste.)
Depuis, rien n’a changé. Ou plutôt si : la petite fille a grandi, mais le rêve est resté intact.
“Since childhood I knew I’m going to be a fashion designer. I’ve had no other options.”
(Depuis l’enfance, je savais que je serais créatrice de mode. Je n’avais pas d’autre option.)
Le vrai déclic ?
“When I got invited to an @acuparis fashion show with my first ever collection, I literally cried of happiness.”
(Quand j’ai été invitée à un défilé de @acuparis avec ma toute première collection, j’ai littéralement pleuré de bonheur.)
Et à Paris ?
“That little girl in me felt like she’s living through ‘Barbie: A Fashion Fairytale.’ I cried for a second time.”
(La petite fille en moi avait l’impression de vivre le film Barbie : Fashion Fairytale. J’ai pleuré une deuxième fois.)
Créer des questions, pas des réponses
Sa définition du style : “Elegant wearable handwork art.”
(Art élégant, portable, fait main.)
Des coupes sobres, des matériaux simples, enrichis par la technique, la main, l’intention.
“I really like to discover new techniques of trimming and manipulating fabrics, and I love a lot of handwork.”
(J’aime découvrir de nouvelles techniques de finition et de manipulation des tissus, et j’adore le travail manuel.)
Mais ce qu’elle aime surtout, c’est poser des questions à travers ses créations.
“I like to answer questions through my work, or, on the contrary, ask them to the viewer. I don’t expect an answer. I just want people to wonder.”
(J’aime répondre à des questions à travers mon travail, ou, au contraire, les poser au spectateur. Je n’attends pas de réponse. Je veux juste que les gens se posent des questions.)
Et si l’élégance, c’était ça : surprendre sans choquer, faire réfléchir sans parler ?
L’émotion comme moteur
“I consider myself a very emotional person.”
(Je me considère comme une personne très émotive.)
Ses inspirations viennent de partout, des films, des livres, des œuvres, de l’actualité, de la musique.
“And when I try to express my feelings and emotions, I sit down and draw sketches and silhouettes.”
(Quand j’essaie d’exprimer mes émotions, je m’assois et je dessine.)
Un jour, une simple image de Salomé tenant la tête de Jean-Baptiste l’a bouleversée.
“I didn’t know her story. It just clicked in me as a theme of female power.”
(Je ne connaissais pas son histoire. Mais pour moi, ça représentait la puissance féminine.)
Une femme nommée Daisy
Sa dernière collection s’inspire de The Great Gatsby. Mais ce qui l’a touchée, c’est moins le faste que le regard posé sur Daisy Buchanan :
“The book was narrated by a man, written by a man, and described through the prism of a man.”
(Le livre est raconté, écrit et vu à travers le prisme d’un homme.)
“Was Daisy really the way she was described? Just a beautiful fragile creature in the eyes of a lover?”
(Daisy était-elle vraiment comme décrite ? Une belle créature fragile dans les yeux d’un homme amoureux ?)
Dans “A Tale About Daisy”, Anastasia offre une vision plurielle de la femme :
“She is gentle. She is jealous. She is chic. She is angry. She is his green light.”
(Elle est douce. Elle est jalouse. Elle est chic. Elle est en colère. Elle est son feu vert.)
“And he is… he is simply in love.”
(Et lui… il est simplement amoureux.)
Entre force et vulnérabilité
Sur son chemin, elle croise aussi des obstacles.
“The only challenges I face are non-constructive criticism from people who have no experience.”
(Mes plus grands défis sont les critiques non constructives, souvent de la part de personnes sans expérience.)
Mais elle les accepte.
“Everything happens for a reason… These experiences make me stronger and teach me.”
(Tout arrive pour une raison. Ces expériences me rendent plus forte et m’enseignent quelque chose.)
Et si la mode redevenait art ?
“I’ve always been inspired by the idea of bringing fashion back to the level of art.”
(J’ai toujours été inspirée par l’idée de ramener la mode à son niveau artistique.)
Elle rêve d’un retour au sens, au temps, à la transmission.
“Beautiful things used to be passed down from generation to generation, as something that has meaning.”
(Les belles choses étaient autrefois transmises entre générations, comme quelque chose de chargé de sens.)
C’est ça, sa mission.
Un dernier secret ?
“I’m a procrastinator.”
(Je suis une procrastinatrice.)
Mais pas par paresse. Par instinct.
“I only do something when I’m inspired.”
(Je ne fais les choses que quand je suis inspirée.)
Elle crée quand c’est juste, quand l’émotion est prête. Et c’est dans cette attente qu’elle trouve ses meilleures idées.
“This habit helps me to improve my creations.”
(Cette habitude m’aide à améliorer mes créations.)